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Rencontre à Brest les 28,29 et 30 Septembre 2012
L'Homme au coeur du combat
entre l'Archange Michaël et le Dragon

Pour cette deuxième rencontre de Brest, initiée par Marie-Hélène Guguen-Mouton et portée par Antoine Dodrimont et Philippe Aubertin, nous étions largement aussi nombreux que l'an passé, soit près de deux cents personnes.

Si le thème de la Toussaint 2011 était assez général "Rudolf Steiner, sa vision du Monde bouleverse les idées reçues" avec un accent pour les défunts, cette fois-ci nous sommes entrés beaucoup plus profondément au coeur du problème existentiel de l'homme. La fête de Michaël nous y invitait.

Le titre de la rencontre, en lui-même, était explicite et le mot "Archange", qui faisait "religieux" nous a même interdit d'affichage dans de nombreux magasins "bio". Quoiqu'il en soit les présents à Brest avaient fait leur choix et étaient prêts à affronter les connaissances les plus terribles...


Vendredi

Dès la porte de la grande salle de réunion du Best Western franchie, salle familière aux "anciens" de l'an passé, nous entrions dans un autre monde car tous les murs étaient couverts de grandes reproductions d'anges ou d'archanges(St. Michel et le Dragon bien sûr) de toutes époques et de toutes cultures. Nous nous sentions presque au Paradis ! J'avais ainsi près de mon siège un grand ange étrusque et un autre venant d'une peinture de Pompéi. Près de la place de l'orateur, sur un chevalet, reposait une magnifique aquarelle d'Anne-Marie l'Haridon, qui bien que non figurative, nous plaçait aussi sur un autre plan et nous offrait l'expérience de l'ange.

Sans grand préambule, tout le monde une fois installé pour la conférence du Vendredi soir, le son des bols tibétains (totalement inconnu pour moi) a résonné, précédé par un tintement de deux sortes de petites cymbales qui m'ont fait penser aux clochettes de la messe...... Dur,dur et si encore nous étions dans un monastère himalayen, éclairés par des flambeaux, respirant l'odeur du beurre rance et des yaks pensais-je ! Ah encore l'Asie ! Où suis-je ? Et puis les sons ont opéré, les grands mystères de l'Orient ont trouvé un écho au tréfonds de moi-même, l'harmonie a pris place, un seuil s'ouvrait......

Antoine Dodrimont, Président de la SAF, introduisait le congrès avec la conférence : "Comment se relier aux mondes des anges et des archanges ? " Je ne vais pas retracer la conférence dans le cadre de cet écho. J'espère qu'un compte-rendu exhaustif en sera donné. Ce qui m'a le plus frappé c'est le ton très naturel employé sous-tendu par une connaissance intime du sujet traité. Sans que le mot soit prononcé nous étions au coeur de l'ésotérisme chrétien et les références tirées des Evangiles allaient de soi. Et pourtant, comme l'assistance écoutait ! Si nous voulions percevoir l'action des anges, il nous fallait nous élever vers eux, portés par un idéal moral, savoir dépasser nos préoccupations par trop prosaïques lors de moments choisis, pratiquer un véritable amour du prochain et s'ouvrir au monde spirituel dans une attitude "pieuse" au sens profond du mot nous dit mème Rudolf Steiner.

Les anges à notre époque d'évolution ne dirigent plus les hommes comme autrefois. C'est à l'être humain de choisir en toute conscience la voie juste. Les forces d'opposition, Ahriman et Lucifer offrent sans cesse des alternatives. Ces considérations nous préparaient pour la conférence du lendemain. C'est dans cette atmosphère de connaissance et de liberté que presque en silence chacun est allé prendre des forces dans un sommeil réparateur.


Samedi

La conférence du Samedi par Philippe Aubertin avait pour titre : "Le combat de Michaël et des forces adverses".

Là encore, je ne vais pas retracer toute la conférence mais je souhaite vivement que la texte en soit donné car l'exposé était passionnant et original. En s'appuyant sur une représentation de Michaël combattant le Dragon, le conférencier nous a fait remarquer que nous avions sous les yeux un combat (un enjeu aussi : Michaël tient la balance qui pèse les âmes) entre deux êtres. Certes depuis Kant la métaphysique a disparu des universités mais pourtant ce n'est pas parce que nous n'avons pas d'yeux pour voir les êtres du monde spirituel que ceux-ci n'existent pas. D'ailleurs, "quelque chose que l'on ne reconnaît pas on ne le voit pas". Or à notre époque nous confondons souvent spirituel et psychique, ce qui n'est pas la même chose.

Comme Antoine Dodrimont, Philippe Aubertin s'est appuyé très souvent sur les Ecritures leur redonnant un sens nouveau ou perdu. Ahriman (Satan) et son action ( à ne pas confondre avec Lucifer-Diable) ont été particulièrement bien étudiés. Sans cette connaissance notre monde moderne est incompréhensible. J'ai aimé l'image donnée de l'homme crucifié, toujours entre deux mondes. Lucifer veux l'aspirer vers les hauteurs, le détacher de la terre (la verticale). Ahriman le fait ramper sur l'horizontale, lui fait oublier la verticale (son origine divine)et par conséquent le croisement des deux lignes, là où se tient le coeur. L'homme-animal voilà ce que veut Ahriman qui veut créer son monde sans liberté (car sans coeur) où tout est chiffres. Mais la vérité ne s'établit pas sur la loi du nombre ! Ahriman vit aussi à l'intérieur de nous en parasite depuis notre naissance jusqu'à notre mort. Dans notre tête il introduit le doute (suis-je créé à l'image de Dieu ou suis-je un animal relativement malin ?) Dans notre coeur il met la haine et dans nos membres, notre métabolisme, la peur. A nous d'éveiller le "je suis" (si quelqu'un d'autre veut le faire à notre place, c'est un ignorant ou un charlatan) de remettre le double à sa place, à nous de développer la foi face au doute, l'amour face à la haine, l'espérance face à la peur. Foi, amour, espérance, ce triptyque un peu désuet d'un seul coup reprenait toute son importance ! En fait l'enjeu du combat et Michaël le sait est notre qualité d'homme. Mais avons nous envie d'être un homme ? C'est notre liberté.



Dimanche

Dimanche après-midi nous avions une conférence : "que signifie vivre dans l'esprit de Michaël aujourd'hui ? " par Philippe Aubertin et Antoine Dodrimont.
Philippe Aubertin s'est penché sur le concept de liberté, un des concepts les plus creusés par les hommes au XXè siècle. Mais sur quel plan placer la liberté ? De façon courante, la liberté consiste à faire ce que l'on veut dans les contraintes habituelles ou encore on peut dire que notre liberté s'arrête là où commence celle d'autrui (mais les frontières sont un peu fluctuantes). Où se situe véritablement notre liberté d'homme voulue et respectée par le monde divin ?
L'homme est à la fois corps, âme, esprit. Mais qu'est ce que l'âme, qu'est ce que l'esprit ? L'âme c'est tout le contenu de ma conscience, quand je pense des choses fussent-elles spirituelles, je suis encore dans l'âme. L'âme c'est tout le domaine de ce qu'on appelle "l'avoir". Quand l'â me perd son contenu il y a évanouissement ou sommeil. L'esprit c'est le domaine de "l'être", on ne peut "être" que dans la liberté. Pour nous faire pressentir ce qu'est la liberté spirituelle, Philippe Aubertin s'est référé à l'Evangile de St. Jean et à l'exemple du Christ.

Ces grandes et belles paroles nous préparaient à comprendre la suite de la conférence menée par Antoine Dodrimont : "Si je m'attache à développer en moi le divin, le sacré, je peux aller vers l'autre en essayant de le reconnaître dans son essence unique et aussi dans l'universellement humain. " Ne peut-on voir dans le cosmopolitisme actuel (Michaël , régent de notre époque est un être foncièrement cosmopolite) d'autres dimensions qu'économiques ?

Ainsi des réalités ésotériques sont à l'oeuvre dans le chauvinisme, le nationalisme, les "replis identitaires". Les êtres qui auparavant (dans une vie antérieure) n'ont pas été portés par un idéal, l'amour du prochain et une piété religieuse quand ils franchissent la porte de la mort, deviennent des êtres de nature purement psychique et spirituelle et voient leur conscience s'éteindre. Le lien avec leur ange est si pauvre que celui-ci n'a pas grand chose à transmettre aux hiérarchies supérieures qui vont décider de leur vie ultérieure en fonction de leur karma. Ces âmes "éteintes" sont alors guidées automatiquement par les archanges (âmes des peuples) et leur ange vers telle région, pays, communauté. Un lien spirituel d'amour envers le peuple, la langue leur manque. L'attachement est viscéral, pulsionnaire, instinctif et se traduit par un égoïsme identitaire. ( cf. conférence de R.Steiner Oslo du 27/11/1921- GA 209-EAR).
< Antoine Dodrimont nous a dit avoir été bouleversé en apprenant cela et avoir trouvé le courage de continuer à parler , donner des conférences pour "offrir" l'anthroposophie.

Bien d'autres aspects ont été évoqués. La richesse des interventions, l'appel aussi à notre réflexion sans cesse sollicitée, nous faisaient entrer chaque fois un peu plus en nous mêmes.
J'ai ressenti cette fois-ci une atmosphère très différente de la précédente rencontre. Pour Brest-I un gazouillis emplissait l'atmosphère dès la fin des interventions (si l'italien chante, le français gazouille !) l'atmosphère était joyeuse, légère. Cette fois-ci, pour Brest-II les échanges étaient plus réservés, pas de gazouillis, nous pensions ! La fêe était intérieure, la fête de l'esprit, une vraie fête michaëlique.
Saluons enfin Marie-Hélène pour son initiative, son intrépidité, sa confiance envers le monde spirituel et son sens de l'organisation (les ateliers-débats et les temps prévus pour les questions/réponses avec les conférenciers ont été appréciés).

Remercions les conférenciers, Edith Le Bras qui nous a initié au chant Werberk avec beaucoup d'enthousiasme, Gabriel Dietrich pour son accueil musical et Michèle Guigon qui nous a fait rire de bon coeur toute une soirée et nous a donné une magnifique leçon de vie.

Saluons aussi le miracle de cette rencontre quand on pense à tout ce qu'elle sous-entend. Et que vive Brest III !

Maryse Le Doré

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